La Commission de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau de la CEDEAO dont j’ai la charge se félicite du démarrage du Programme « Amélioration de la gouvernance régionale des pêches en Afrique de l’Ouest » (PESCAO), financé par le 11ème Fonds européen de développement (FED) dans le cadre du Programme indicatif régional de l’Union Européenne (PIR) 2014-2020. Les bénéficiaires du PESCAO sont les populations des 15 États membres de la CEDEAO et de la Mauritanie.
Le secteur des pêches en Afrique de l’Ouest est d’une importance sociale, économique et politique pour la région, notamment en tant que (i) source d’emploi, de revenus et de rentrées en devises étrangères et (ii) contributeur essentiel à la sécurité alimentaire régionale et le plus important fournisseur de protéines animales pour l’alimentation de nombreuses populations d’Afrique de l’Ouest.
En Afrique de l’Ouest, la consommation de poisson peut représenter plus de 50% de l’apport en protéines animales. La consommation per capita est non seulement inférieure à la moyenne mondiale (20kg) mais elle diminue graduellement à cause de la raréfaction de la ressource mais aussi à cause de la rapide augmentation de sa population estimée à plus de 380 millions d’habitants (ONU 2018) et qui devrait atteindre 430 millions vers 2025.
Les importations de poissons de la région suivent une courbe constamment ascendante et supérieure à celles de toutes les communautés économiques régionales du continent. Elles sont passées de 2,7 millions de tonnes en 2011 à 3,6 millions de tonnes en 2013 et trois pays, à savoir le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire en constituent les principaux marchés. Afin de réduire fortement ces importations, l’aquaculture est identifiée comme une alternative à la pêche maritime. Malheureusement, le rythme de production est encore trop lent pour satisfaire la forte demande de poisson de l’Afrique de l’Ouest. Les défis de la région dans le secteur sont donc immenses et variés pour l’atteinte des Objectifs du développement durables (ODD) par la Commission de la CEDEAO. Parmi ces défis il faut noter la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN) en Afrique de l’Ouest par les compagnies de pêche étrangères qui dépossèdent les pays de la CEDEAO d’une source importante de revenus pour le développement durable de la pêche en faveur des populations et les États membres.
Les informations ci-dessus montrent l’urgence d’aller vers une meilleure gouvernance et coordination régionales des politiques et stratégies nationales de développement des pêches et de l’aquaculture en Afrique de l’Ouest. C’est dans ce cadre que s’inscrit le programme PESCAO « Amélioration de la gouvernance régionale du secteur de la pêche en Afrique de l’Ouest ».
L’objectif général du programme PESCAO est de renforcer la contribution des ressources halieutiques au développement durable, à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté en Afrique de l’Ouest, l’objectif spécifique étant d’améliorer la gouvernance régionale des pêches en Afrique de l’Ouest à travers une meilleure coordination des politiques nationales des pêches.
Le PESCAO est mis en œuvre à travers trois composantes dont les résultats attendus comprennent respectivement :
- Résultat 1 : Une politique régionale ouest africaine de pêche et d’aquaculture est développée et la coordination des parties prenantes régionales est améliorée ;
- Résultat 2 : La prévention et les mesures de lutte contre la pêche INN sont renforcées par l’amélioration du Suivi, du Contrôle et de la Surveillance (SCS) aux niveaux national et régional ; et
- Résultat 3 : La gestion des ressources marines au niveau régional est améliorée, en renforçant la résilience des écosystèmes marins et côtiers aux perturbations.
Les résultats attendus ci-dessus devraient permettre à la CEDEAO d’avoir plus d’expérience en matière de bonne gestion des ressources naturelles halieutiques de la région sans en compromettre les équilibres, plus précisément, dans les domaines suivants : (i) promotion de la définition de plans de gestions durables des ressources halieutiques basés sur l’approche écosystémique et l’ecocertification, (ii) création d’un environnement favorable au développement d’une économie bleue et des chaînes de valeur et (iii) facilitation de l’expansion de l’aquaculture à l’échelle régionale permettant d’inverser la courbe des importations de poisson.
Ce numéro du bulletin d’information sur le PESCAO fait le point sur les activités mises en œuvre depuis le démarrage par les trois composantes du programme PESCAO, à savoir, la Composante 1, basée à la Commission de la CEDEAO assurant la coordination du PESCAO, la Composante 2, sur la lutte contre la pêche Illicite, non Règlementée, non Enregistrée (INN) mise en œuvre par le Commission sous régionale des pêches (CSRP), le Comité des pêches du centre ouest du golfe de Guinée (CPCO) et l’Agence européenne du contrôle des pêches (AECP), et la Composante 3 chargée de la recherche pour une gestion améliorée des ressources halieutiques.
Par : Honorable Sékou SANGARE, Commissaire en charge de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau/Commission de la CEDEAO